LA CRYOTHÉRAPIE SPORTIVE ET LA RÉCUPÉRATION DES LÉSIONS MUSCULAIRES
Par Dr Nicolas Tarissi, Chirurgien orthopédiste et traumatologue

La cryothérapie est depuis de nombreuses années reconnue, notamment dans le milieu sportif, afin de favoriser la récupération des lésions musculaires. Par extension, des applications en post opératoire de chirurgies diverses se sont progressivement développées afin d’optimiser la prise en charge des patients sur le plan des douleurs en optimisant la récupération de l’œdème et des contractures musculaires (1).

Le contexte actuel nous pousse à optimiser la récupération post opératoire afin de raccourcir les durées de séjour, d’arrêt de travail et d’indisponibilité dans les pratiques sportives. La cryothérapie fait partie de ces thérapeutiques. Elle module la réponse douloureuse médullaire, modifie l’afflux sanguin sur la zone concernée et optimise la consommation d’oxygène (2–4).

APPLICATION A L’ÉPAULE

L’optimisation des douleurs et de la récupération prend tout son sens après une chirurgie de l’épaule afin de rendre la convalescence plus confortable. La cryothérapie a montré de bon résultats pour réduire la douleur post opératoire immédiate dans le cadre de gestes divers telles que les réparations de la coiffe des rotateurs ou les arthroplasties(5,6).
Speer et al (6), en 1996, retrouvaient déjà une amélioration significative des signes post opératoires chez 25 patients opérés de l’épaule (coiffe, instabilité, prothèse) comparativement à 25 patients sans cryothérapie. La rééducation paraissait plus facile avec moins de douleurs et une amélioration plus rapide des mobilités passives.

CRYOTHÉRAPIE ET COMPRESSION

Parallèlement, la contention/compression est régulièrement utilisée dans le cadre d’une amélioration de l’œdème après un traumatisme. Certains auteurs ont voulu comparer l’usage isolé de la cryothérapie versus cryothérapie compressive en post opératoire des arthroscopies d’épaule. Kraeutler et al (1) ont randomisé 46 patients en deux groupes cryothérapie isolée/cryothérapie compressives. Les deux populations ont été globalement améliorées sur le plan des douleurs mais ils n’ont pu mettre en évidence de différence significative.

Malgré tout, l’usage au moins isolé de la cryothérapie paraît être légitime devant la simplicité de mise en place et son coût modeste, dans une méta analyse de Dickinson et al (7). Les modalités de la compression doivent cependant être affinées.

ATTELLES DÉDIÉES

Il existe sur le marché de nombreuses attelles de « cryothérapie ». Les modalités d’administration du froid sont malgré tout hétérogènes et il convient d’apprécier correctement la qualité des poches de cryothérapie et de leur gel.

L’épaule pose un problème parfois complexe puisqu’il est souvent nécessaire d’y associer une immobilisation de protection (réparation de coiffe par exemple). Certaines attelles sont très performantes pour la cryothérapie post opératoire mais inadaptées pour une immobilisation prolongée parfois jusqu’à 45 jours (type GAME READY®).
D’autres, comme l’attelle IGLOO® (ISO), permettent d’associer une immobilisation coude au corps à de la cryothérapie compressive.

La modularité de ces attelles procure un certain confort au patient qui va pouvoir ajuster la contention au délai post opératoire et à sa symptomatologie. La compression, même si, pour le moment, ne peut être retenue scientifiquement comme atout indéniable, permet d’ajuster l’attelle afin d’optimiser le maintien du membre supérieur, sans pour autant utiliser des attelles inconfortables type coussin d’abduction.

CONCLUSION

L’usage de la cryothérapie de manière conjointe aux traitements médicamenteux est d’une aide certaine dans la gestion post opératoire d’une chirurgie de l’épaule sur le plan des douleurs et de la récupération. Les modalités précises d’administration de la cryothérapie ne sont pas bien codifiées et relèvent du retour d’expérience de chacun, dans le respect global du concept physiologique de la cryothérapie.

BIBLIOGRAPHIE

  1. Kraeutler MJ, Reynolds KA, Long C, McCarty EC. Compressive cryotherapy versus ice-a prospective, randomized study on postoperative pain in patients undergoing arthroscopic rotator cuff repair or subacromial decompression. J Shoulder Elbow Surg. 2015 Jun;24(6):854–9. 2. Yamamoto S, Yamaguchi H, Sakaguchi M, Yamashita S, Satsumae T. Preoperative droperidol improved postoperative pain relief in patients undergoing rotator-cuff repair during general anesthesia using intravenous morphine. J Clin Anesth. 2003 Nov;15(7):525–9. 3. Butler DL, Juncosa-Melvin N, Boivin GP, Galloway MT, Shearn JT, Gooch C, et al. Functional tissue engineering for tendon repair: A multidisciplinary strategy using mesenchymal stem cells, bioscaffolds, and mechanical stimulation. J Orthop Res Off Publ Orthop Res Soc. 2008 Jan;26(1):1–9. 4. Boyraz I, Oktay F, Celik C, Akyuz M, Uysal H. Effect of cold application and tizanidine on clonus: clinical and electrophysiological assessment. J Spinal Cord Med. 2009;32(2):132–9. 5. Singh H, Osbahr DC, Holovacs TF, Cawley PW, Speer KP. The efficacy of continuous cryotherapy on the postoperative shoulder: a prospective, randomized investigation. J Shoulder Elbow Surg. 2001 Dec;10(6):522–5. 6. Speer KP, Warren RF, Horowitz L. The efficacy of cryotherapy in the postoperative shoulder. J Shoulder Elbow Surg. 1996 Feb;5(1):62–8. 7. Dickinson RN, Kuhn JE, Bergner JL, Rizzone KH. A systematic review of cost-effective treatment of postoperative rotator cuff repairs. J Shoulder Elbow Surg. 2017 May;26(5):915–22. 8. Hollman F, Wolterbeek N, Zijl JAC, van Egeraat SPM, Wessel RN. Abduction Brace Versus Antirotation Sling After Arthroscopic Cuff Repair: The Effects on Pain and Function. Arthrosc J Arthrosc Relat Surg Off Publ Arthrosc Assoc North Am Int Arthrosc Assoc. 2017 Sep;33(9):1618–26. 9. Mollison S, Shin JJ, Glogau A, Beavis RC. Postoperative Rehabilitation After Rotator Cuff Repair: A Web-Based Survey of AANA and AOSSM Members. Orthop J Sports Med. 2017 Jan;5(1):2325967116684775.