La microkinésithérapie est une méthode non éprouvée qui ne bénéficie pas d’une reconnaissance légale et qui n’est pas reconnue par le conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Voilà pourquoi, elle fait parfois l’objet d’une certaine méfiance de la part de certains professionnels.
Mais avant de la juger, intéressons-nous à ses origines et à son histoire. Il est temps de mieux comprendre la microkinésithérapie et tentons de comprendre sa place dans le monde de la rééducation !
Qu’est-ce que la microkinésithérapie ?
Dans son concept, la microkinésithérapie est une technique thérapeutique manuelle supposée capable de détecter les déséquilibres et les perturbations cellulaires et/ou tissulaires. Son fondement vient de l’idée que les différentes expériences de la vie, les traumatismes physiques ou émotionnels et bien d’autres facteurs sont en mesure de laisser une empreinte au sein des tissus corporels et en affecter le fonctionnement.
Origines de la microkinésithérapie
La microkinésithérapie fait son apparition dans les années 80, elle est mise sur les devants de la scène par deux kinésithérapeutes français : Patrice Benini et Daniel Grosjean. En tirant leur inspiration dans les travaux du célèbre médecin et ostéopathe Andrew Taylor Still, autrement dit celui que l’on reconnaît comme le fondateur de l’ostéopathie. Il vont également baser leur découverte de la micro kiné sur des recherches en médecine manuelle et en neurologie. La microkinésithérapie possède donc une approche manuelle, mais aussi holistique…
Principe théorique
D’après ces deux masseurs-kinésithérapeutes, le corps est en capacité d’enregistrer les informations relatives à des évènements traumatiques, émotionnels ou encore physiologiques. Les cellules sont aussi concernées par cette mémoire qui peut venir influencer le bien-être et la santé de chacun. Selon les deux spécialistes, l’homéostasie du corps peut être perturbée par ces traumatismes.
Ils ont élaboré cette technique au fil des années à l’aide de leurs connaissances en anatomie, en physiologie, en ostéopathie et en médecine chinoise. C’est de cette façon à force d’observation, de recherches et d’essais qu’ils ont mis en avant une interaction entre le système nerveux et musculaire.
La micro palpation
La microkinésithérapie est une technique manuelle, voilà pourquoi elle se caractérise par des palpations très fines et spécifiques. Elles sont là pour permettre au microkinésithérapeute d’identifier les tensions et les blocages au sein des tissus.
Il suffit d’appliquer des pressions légères et des petits mouvements pour aider le corps à libérer les empreintes enregistrées. Le soin ne demande aucun appareil, uniquement les mains du thérapeute qui se connecte au corps du patient par le toucher.
La manière de palper le corps est différente, habituellement il est question de trouver quelque chose qui change sous la main. Ici, il est question de mettre en place une micro-palpation qui se fait avec les deux mains. Les mains guettent une résistance ou une modification afin de discerner une zone saine d’une zone en dysfonctionnement. Mais la microkinésithérapie comprend aussi des étirements et des massages pour relancer le système musculaire et articulaire.
La recherche ne se concentre pas sur les articulations, mais plus dans les structures actives comme les muscles. La microkinésithérapie est une technique complémentaire qui peut s’additionner à d’autres techniques comme de l’hypnose par exemple. L’accompagnement psychologique ou encore l’aide d’un nutritionniste sont aussi capables d’entrer dans cette complémentarité.
Elle peut être en corrélation avec d’autres techniques palpatoires capables d’entrer en jeu dans une rééducation par exemple, voire toutes autres approches disponibles dans un cabinet de kinésithérapie.
Différence avec d’autres pratiques
La technique de la microkinésithérapie est différente des autres pratiques. Elle contient un élément nouveau, celui de penser que les mains peuvent identifier la cause responsable du dysfonctionnement ou de la pathologie. Les tissus qui apparaissent denses sous nos mains attire l’attention, les palpations permettent de ressentir le muscle afin d’y déceler un paramètre d’étirement ou de rapprochement.
Contrairement aux autres pratiques en kinésithérapie, cette nouvelle manière de palper se concentre sur les sensations et les contractions. Mais il s’agit aussi d’une technique qui prend en compte les traumatismes pouvant être physiques ou encore psychiques. Il est question de solliciter le mécanisme de réparation du patient, pour cela il montre au corps ce qu’il s’est passé. En cas d’étirement, le praticien accompagne l’étirement pour aider le corps à se modifier naturellement.
La microkinésithérapie possède ses limites comme tous autres types de thérapie. Elle est en perpétuelle évolution et amélioration. Sa réussite dépend de la technique et donc des limites du praticien, mais aussi celles du patient. Toutefois, rappelons qu’il s’agit d’une approche douce qui se caractérise par un accompagnement minutieux pour relancer le processus de réparation. Il s’agit donc d’une pratique dont les manipulations sont non invasives.
Indications et bienfaits de la microkinésithérapie
L’efficacité n’est pas du côté du thérapeute, il n’apporte rien au corps, il l’accompagne. C’est le corps du patient qui doit trouver cette efficacité. Finalement, c’est l’organisme qui va libérer une capacité de réponse, spécifique et appropriée aux blocages, douleurs, traumatismes, etc. Le microkinésithérapeute s’en aperçoit au toucher puisqu’il a accès à des zones qui étaient bloquées. Finalement, il s’agit d’un processus de ré-information et d’auto-guérison.
La microkinésithérapie vient soulager le patient et l’aider à se reconstruire après un traumatisme quel qu’il soit. Les approches et techniques manuelles stimulent le corps, ils l’aident à se remettre en douceur et à son rythme.
Place de la microkinésithérapie dans le monde de la rééducation
Le point de vue de l’ordre des kinés est un peu particulier, en effet, la pratique n’est pas reconnue et considérée comme capable d’ouvrir la voie à des dérives thérapeutiques. D’après le conseil national de l’ordre, elle ne respecte pas l’article R.4321-87 du code de la santé publique qui stipule : “le masseur- kinésithérapeute ne peut conseiller et proposer au patient ou à son entourage, comme étant salutaire ou sans danger, un produit ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Le même article proscrit toute pratique de charlatanisme.”
La microkinésithérapie semble trop éloignée des engagements d’un kinésithérapeute qui se doit de “s’engager personnellement à assurer au patient des soins consciencieux, attentifs et fondés sur les données actuelles de la science” selon l’article R.4321-80. Toutefois l’ordre n’interdit pas complètement son utilisation. Il demande simplement le respect de l’article R.4321-65 du code de la santé publique qui indique que “le masseur-kinésithérapeute ne divulgue pas dans les milieux professionnels une nouvelle pratique insuffisamment éprouvée sans accompagner sa communication des réserves qui s’imposent. Il ne fait pas une telle divulgation auprès d’un public non professionnel ».
Ainsi, il est difficile de se projeter sur la place de la microkinésithérapie dans le monde de la rééducation. En effet, il existe des limites comme :
- Le manque de preuves scientifiques solides ;
- L’absence de réglementation ;
- La variabilité des résultats ;
- Le coût financier et temporel.
Ces dernières viennent ternir la considération envers cette pratique. Ainsi, libre à vous, les futurs ou actuels praticiens de choisir si oui ou non vous souhaitez l’utiliser. Toutefois, si vous choisissez de le faire penser à communiquer les limites et les conditions de ce type de suivi à votre patient. Il se peut qu’un jour, la pratique aura évolué et les résultats seront peut-être plus facilement mesurables.
Pour conclure, bien qu’elle soit controversée, la microkinésithérapie est une approche intéressante qui peut intervenir en soutien à d’autres techniques de rééducation. Elle ne possède pas de reconnaissance, mais s’avère être peu risquée pour le patient. Autrement dit, vous pouvez choisir de l’utiliser en méthode d’appoint si bon vous semble.
Le manque de reconnaissance actuelle ne signifie pas que la pratique soit totalement inefficace, cela peut aussi amener une réflexion sur sa place dans la rééducation moderne. Une rééducation où le corps et l’esprit sont tous les deux considérés.
C’est pour cela qu’il est conseillé d’opter pour une formation continue, elle permet de connaître les nouvelles techniques qui apparaissent dans le paysage de la rééducation moderne. Pour vous tenir informé, pensez à participer à des évènements comme le Salon Rééduca. Vous pouvez participer à des conférences, des ateliers ou encore rencontrer d’autres professionnels.