Kinésithérapeutes, médecins généralistes et chirurgiens orthopédiques sont susceptibles d’utiliser le score de Constant-Murley, un indicateur pratique pour établir les besoins et les réponses à fournir à un patient souffrant d’une épaule douloureuse et/ou handicapante. Utilisation, interprétation et limites, découvrez comment utiliser cet outil au mieux dans votre pratique !
Qu’est-ce que le Score de Constant-Murley à l’épaule ?
Le score de Constant est un système intelligent permettant de noter et surtout, d’évaluer l’état fonctionnel de l’épaule auprès d’une patientèle souffrant de douleurs dans cette région. Pour réaliser cette notation, deux étapes sont nécessaires :
- Le remplissage d’un questionnaire par le patient ;
- Le remplissage d’un questionnaire par l’examinateur durant et à l’aide de tests cliniques.
Ce fameux score a été inventé par Murley AHG en 1987 dans son écrit “A clinical method of functional assessment of the shoulder”. Il offre une visibilité sur le handicap ou l’état de santé handicapant d’une épaule, comme par exemple, dans le cadre des pathologies en lien avec la coiffe des rotateurs.
Validité et fiabilité du test :
Bien qu’il soit largement utilisé, notamment par les kinésithérapeutes, le score de Constant-Murley n’a jamais été validé par des études approfondies. Toutefois, ce test a été validé par l’HAS (Haute Autorité de Santé) et par l’European Society for Surgery of the Shoulder and the Elbow (SECEC-ESSSE).
Sa validité est acceptable puisque ses différents items permettent d’obtenir une appréciation des principales caractéristiques des pathologies de l’épaule, sauf l’épaule gelée. Autrement dit, n’hésitez pas à l’utiliser, mais tenez compte également de vos connaissances en matière d’articulation, de muscle et de tendon.
Notation et interprétation du score :
Le questionnaire du score de Constant se compose de 11 questions donnant accès à un score finale allant de 0 à 100. Plus le résultat du test est élevé, plus l’épaule fonctionne normalement. Pour vous aider à mieux l’appréhender, la notation est découpée en deux parties :
- La mesure subjective répartie sur 35 points ;
- La mesure objective sur 65 points.
Comment calculer le score de Constant-Murley à l’épaule ?
Pour évaluer l’aspect fonctionnel de l’épaule à l’aide du score de Constant Murley, il faut tenir compte de plusieurs éléments. Ils sont tous regroupés au sein du questionnaire du score de constant disponible sur le site de la HAS. Découvrez-les…
Les différents domaines évalués :
Parmi les domaines évalués, vous retrouvez deux domaines d’évaluation : la mesure subjective et la mesure objective. L’évaluation subjective tient compte de la douleur perçue et des activités quotidiennes. Tandis que l’évaluation objective est en lien avec la mobilité et la force musculaire.
ÉVALUATION SUBJECTIVE
(sur 35 points) |
ÉVALUATION OBJECTIVE
(sur 65 points) |
||
La douleur
(sur 15 points) |
Les activités quotidiennes (AVQ)
(sur 10 points) |
Le mouvement
(sur 40 points) |
La force musculaire
(sur 25 points) |
Une mesure sur deux échelles : verbale et algométrique | Elle comprend :
Elle intègre aussi le niveau de travail avec la main. |
Au sein de cette partie, il y a :
|
Elle concerne l’abduction isométrique. |
Techniques d’administration du score :
En tant que masseur-kinésithérapeute, vous devez maîtriser l’administration des notes pour réussir l’utilisation de cette échelle de mesure pratique en lien avec l’épaule. Pour cela, nous avons décortiqué pour vous les instructions de cet outil pratique afin de vous aider à mieux comprendre la manière de l’administrer. Afin de rendre la transmission plus digeste, les explications ont été décortiquées par catégorie…
La douleur :
Elle concerne la douleur la plus intense que la patientèle ressent pendant les tâches quotidiennes durant 24 heures. Le calcul se fait sur 15 points et de manière verbale dans un premier temps. Le kinésithérapeute demande au patient quelle intensité de douleur il ressent entre 0 et 15. Voici le détail de cette première note :
- 0 = douleur intolérable ;
- 5 = douleur moyenne ;
- 10 = douleur modérée ;
- 15 = aucune douleur.
Dans un second temps, le praticien propose une échelle graduée et lui présente un système de notation semblable à un curseur allant de 0 à 15. 0 signifie “absence de douleur”, 15 indique en revanche une “douleur aigüe”. Par la suite, le praticien soustrait le chiffre obtenu sur l’échelle graduée à 15. Pour finir les deux chiffres obtenus sont additionnés et divisés par deux pour mettre en lumière le résultat final.
Les activités quotidiennes :
La notation des AVQ est divisée en trois parties : les activités professionnelles et/ou occupationnelles, les activités de loisirs et la gêne au cours du sommeil. Cette notation se base sur une échelle permettant de mettre en lumière la gêne ressentie. voici le barême :
Activités professionnelles/occupationnelles | Activités de loisirs | Gêne durant le sommeil | |||
Réponses | Points | Réponses | Points | Réponses | Points |
Travail impossible ou non repris | 0 point | Travail impossible ou non repris | 0 point | Douleurs insomniantes | 0 point |
Gêne importante | 1 point | Gêne importante | 1 point | ||
Gêne modérée | 1 point | ||||
Gêne moyenne | 2 points | Gêne moyenne | 2 points | ||
Gêne modérée | 3 points | Gêne modérée | 3 points | ||
Aucune gêne | 2 points | ||||
Aucune gêne | 4 points | Aucune gêne | 4 points |
À cette échelle, s’ajoute souvent le niveau de travail avec la main, à savoir :
- Taille : 2 points
- Xiphoïde : 4 points
- Cou : 6 points
- Tête : 8 points
- Au-dessus de la tête : 10 points
Cette notation est sous forme d’interrogatoire.
La mobilité :
Le patient est assis sur une chaise sans accoudoir afin que son épaule soit libre et non maintenue. Le masseur-kinésithérapeute ou le médecin généraliste se charge de mesurer :
- L’élévation antérieure ;
- L’élévation latérale ;
- La rotation externe ;
- La rotation interne.
Pour chaque mouvement l’angle est mesuré et associé à différents points. Voici une image du barème prise sur le site de la Haute Autorité de Santé :
La force musculaire :
Elle est calculée selon une élévation antéro-latérale de 90° dans le plan de l’omoplate. On cherche à connaître la force à 90°C d’abduction de chaque côté, autrement dit pour l’épaule droite et gauche. La notation est simple :
- Si le patient n’atteint pas les 90° en actif : 0 point ;
- Si le patient réussit un maintien de 5s par 500 g : 1 point.
Chaque livre utilisé correspond à 1 point et cela peut aller jusqu’à 25 points.
L’interprétation du résultat du score de Constant-Murley à l’épaule
Voici la formule de calcul qui permet d’obtenir le score final de Constant Murley à l’épaule :
Douleur (0-15) + AVQ (4 x (0-5) = 0-20) + Mobilité (4 x (0-10) = 0-40) + Force (0-25)
Niveaux de douleur :
Le niveau de douleur est important pour connaître l’impact de l’état d’une épaule sur la vie du patient. Il est possible que la douleur soit très forte uniquement durant les actions. C’est à vous d’observer le patient et de prendre en compte les résultats du test. Il convient de comprendre à quel moment la douleur se fait le plus sentir que ce soit au travail, durant la détente, pendant le repos, le sport ou encore le sommeil…
Capacité fonctionnelle de l’épaule :
L’interprétation de la capacité fonctionnelle de l’épaule est la suivant :
- 0 à 55 points = mauvais ;
- 56 à 70 points = médiocre ;
- 71 à 85 points = bon ;
- 85 à 100 points = excellent.
Prise en compte des résultats :
Les résultats sont intéressants pour connaître le niveau de gêne, d’amplitude, de confort et de limite de chaque personne. Toutefois, bien qu’ils soient utiles pour l’interprétation, ils ne doivent pas remplacer un examen complet et surtout, pluridisciplinaire.
En effet, médecins et kinésithérapeutes sont en mesure d’effectuer la fiche standardisée du score de constant. Par la suite, une déduction et une analyse peut être faite. C’est un outil de soutien, mais en aucun cas, une technique suffisante pour un diagnostic.
En tant que masseur-kinésithérapeute, la notation obtenue et l’observation durant le test de 11 questions permet d’affiner le suivi puisque vous en apprenez plus sur :
- L’intensité de la douleur ressentie ;
- La difficulté réelle au quotidien ;
- Les mesures structurelles du mouvement.
Des informations relativement utiles pour composer un bilan complet et délivrer un suivi personnalisé.
Le score de Constant-Murley est très utile pour évaluer l’état d’une épaule dans les cas de figure suivants :
- La traumatologie, le post opératoire, l’arthroplastie, la chirurgie de l’épaule, la pose de prothèse de l’épaule, la fracture de l’épaule et/ou de la clavicule ;
- Le sport, la santé de l’athlète et la douleur ;
- La rhumatologie, l’arthrite, l’ostéoarthrite, l’arthrose, la capsulite, l’hygroma, la bursite, l’épanchement de synovie, le rhumatisme ;
- La pathologie neurologique, l’hémiplégie, l’hémiparésie ;
- L’infection articulaire et osseuse ;
- Le syndrome de la coiffe des rotateurs et la rééducation de la coiffe des rotateurs.
Les limitations du score de Constant-Murley à l’épaule
Domaines non évalués :
Il faut explorer les propriétés psychométriques de l’échelle, notamment pour les fractures, l’arthrite, l’instabilité et l’épaule gelée. En effet, ces détails ne sont pas pris en compte par le score de Constant, tout comme, il convient de prendre en considération la corpulence, le sexe et la taille de la patientèle. N’oubliez pas d’ajouter aussi le passif santé à la collecte d’information.
Variations entre les évaluateurs :
L’examen en lien avec le score de Constant comprend le point de vue du patient, mais aussi celui de l’examinateur. Un détail important qui permet de démontrer que sa perception influe d’un praticien à l’autre. Ainsi, il convient d’utiliser cet outil comme une aide, bien plus que comme une valeur sûre.
Quoi qu’il en soit pour vous aider à rester le plus neutre possible, rendez-vous au Salon Rééduca pour en discuter ou en savoir plus sur l’interprétation de cet outil. C’est finalement un défi lié à la subjectivité et aux variations inter-évaluateurs, donc le score de constant n’est pas une valeur sûre.
Pour conclure, le score de Constant-Murley est largement employé et utilisé dans le monde de la kinésithérapie. C’est un outil pratique pour connaître le degré d’un handicap causé par une intervention chirurgicale, une pathologie ou encore un accident au niveau de l’épaule. Toutefois, bien que son score mette en lumière la douleur, la gêne et la difficulté de mouvement, c’est en aucun cas un outil suffisant pour établir un bilan.
Il convient donc de l’interpréter avec soin et de l’utiliser en bonus pour établir un suivi personnalisé et efficace. Pensez d’ailleurs à vous former à son interprétation et à d’autres outils avec une formation continue. Pour connaître les évolutions dans le secteur ou des éventuelles études sur le sujet de l’épaule, direction le Salon Rééduca !