Alcimed, société de conseil en innovation et développement de nouveaux marchés présente sa vision des enjeux en cours et les outils déployés pour favoriser la structuration de l’offre de proximité, premier recours à un parcours de santé fluide.

 

 

Un système de santé sous tension

 

 

Vieillissement de la population, augmentation des affections de longue durée, évolution des attentes professionnelles, tensions hospitalières, déserts médicaux, contraintes budgétaires… Les défis d’aujourd’hui en matière de santé sont bien connus et inquiètent légitimement soignants, citoyens et décideurs.

 

Or, ces mêmes enjeux ont parfois tendance à masquer les réussites du système de santé français : on vit aujourd’hui plus longtemps et en meilleure santé qu’il y a trente ans, et avec une prise en charge financière des soins qui reste l’une des plus performantes au monde ; la dépense de santé par habitant en France est supérieure à la moyenne de l’OCDE (4600 dollars contre 4003 dollars), mais inférieure à la Grande Bretagne, l’Allemagne ou les Etats- Unis, avec un reste à charge moyen parmi les plus faibles au monde (380 euros PPA, contre 880 euros aux Etats-Unis, 1870 euros en Suisse ou 720 euros en Norvège). Dans ce contexte, deux leviers impactent aujourd’hui le système : les révolutions en cours en matière de numérique, d’imagerie, de
télémédecine et d’Intelligence Artificielle et la réorganisation des filières de soins territoriales.

 

Quels enjeux et perspectives pour ce monde de la santé résilient ?

 

 

L’enjeu de coordination intersectorielle et pluridisciplinaire au sein du premier recours

 

 

Médecins généralistes, infirmiers libéraux, pharmaciens…, Ces professionnels de santé sont les premiers partenaires des Français pour les accompagner dans le maintien de leur bonne santé, et contribuer ainsi à la réalisation de leurs projets de vie. Pour bien soutenir et prendre en charge, par exemple, une personne âgée isolée souffrant de troubles neurologiques ou une famille accompagnant un enfant souffrant d’une maladie rare, ces soignants ont besoin de temps pour coordonner leurs interventions. Ils ont aussi besoin d’une très bonne visibilité sur l’offre de prise en charge sociale, médicosociale et sanitaire autour d’eux et de pouvoir
échanger rapidement et efficacement avec les professionnels exerçant dans ces secteurs.

 

Des besoins pas si évidents à satisfaire, dans un moment où chaque strate du système de santé apparaît sous tension. Comment dès lors est-il possible de favoriser des coopérations souples et fluides ? Grâce aux nouvelles technologies qui apportent des gains de temps et de qualité de soins supplémentaires, des réponses concrètes existent aujourd’hui : ainsi, une prise de cliché d’une plaie d’un patient réalisée par une infirmière à domicile offre la possibilité, dans un système de télémédecine performant, de bénéficier rapidement de l’avis d’un spécialiste.

 

Des partenariats travaillés et renforcés entre les professionnels de ville et les établissements de santé permettent d’obtenir plus rapidement des rendez-vous pour des diagnostics complémentaires ou des soins techniques lourds, réduisant ainsi le besoin d’hospitalisation en urgence ou au long cours. Enfin, le développement de nouveaux métiers, dans l’ingénierie et le soutien administratif, aide les professionnels de santé à retrouver du « temps de travail » disponible pour leur coeur de métier : soigner leurs patients.

 

 

De nouveaux outils institutionnels pour structurer une filière

 

 

Le plan « Ma Santé 2022 », décliné dans la loi de Santé de juillet 2019, renforce plusieurs leviers de transformation des soins primaires. Les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) et les Dispositifs d’Appui à la Coordination (DAC) font partie de ces outils clés pour favoriser une évolution de l’offre de soins primaires et une interconnexion avec les acteurs des soins du secondaire, du tertiaire, du
social et médicosocial. Les CPTS regroupent des professionnels d’un même territoire qui souhaitent s’organiser – à leur initiative – autour d’un projet de santé pour répondre à des problématiques communes. Des
missions socles (accès aux soins, parcours de soins, prévention) et optionnelles (qualité des soins, accueil et formation des professionnels), ainsi qu’un modèle financier ont été définis dans le cadre d’un accord conventionnel interprofessionnel conclu le 20 juin 2019 entre les représentants des professionnels de santé libéraux et l’Assurance Maladie (ACI entré en vigueur le 21 août 2019).

 

Marie Sophie Ferreira, Responsable de mission en Politiques Publiques de Santé au sein d’Alcimed commente : « Les moyens délégués aux professionnels de santé leur permettront de s’équiper en outils de coordination (agenda partagé, répertoire des ressources), en outils numériques, d’indemniser leurs temps de travail sur des projets de soins coordonnés mais aussi de développer des démarches de type groupe qualité ou de recruter des assistants administratifs ou des chargés d’ingénierie. »

 

Ces CPTS pourront donc s’organiser « à façon » pour garantir un accès aux soins primaires des citoyens et aider les professionnels des soins primaires à s’interconnecter plus efficacement. L’accompagnement des
professionnels de santé devra donc répondre à une double exigence : d’une part, le maintien d’une grande souplesse dans la définition et l’animation d’organisation des soins territoriaux ; d’autre part, l’identification
d’outils structurants communs à différents acteurs du système de santé, dont les standards actuellement diffusés ou en prospective à l’échelle nationale (DMP, messagerie sécurisée, PPCS). Les DAC, créés par la loi relative à l’Organisation et la Transformation du Système de Santé (OTSS), ont pour objectif d’apporter un soutien pour la prise en charge de patients en situations complexes. Les professionnels de santé sont, de
fait, souvent confrontés à des patients présentant plusieurs pathologies et présentant également des fragilités psychosociales. La stratégie de soins à engager pour le rétablissement du patient ou son accompagnement dans le cadre d’une pathologie chronique ou d’un handicap nécessite alors une coordination avec des professionnels du médico-social et du social.

 

Cette coordination exigeante d’un large cercle de soins ne peut être menée par les seuls professionnels de santé, faute de temps de travail disponible mais également de connaissances fines des dispositifs sociaux et médico-sociaux, connaissances qui ne relèvent pas de leurs champs d’expertise. Les DAC ont pour mission de seconder et d’épauler les acteurs du soin de proximité dans ces prises en charge complexes, via le recours à des salariés formés au case management, aux outils de coordination, et bénéficiant d’une bonne visibilité sur l’offre environnante.

 

Les DAC pourront aussi accompagner les établissements de santé et les professionnels de santé libéraux dans la préparation des retours à domicile. « Les DAC sont appelés à se constituer sur un noyau initial composé des actuels réseaux et dispositifs de type MAIA, pour une clarification et une meilleure visibilité de l’offre en coordination d’appui. L’accompagnement à la création des DAC nécessite la mobilisation de plusieurs compétences, relevant du champ de la santé publique, du management des organisations et des ressources humaines » précise Marie Sophie Ferreira.

 

 

Des territoires mis au défis pour la bonne implémentation de ces outils

 

 

Au sein d’une même région, d’un département à l’autre, d’un bassin de vie à l’autre, les schémas de coopération seront sûrement différents, selon l’offre locale et la demande de soins : zone rurale ou urbaine, présence ou non d’un centre hospitalier sur le territoire, nombre d’EHPAD, poids de la démographie médicale, participation à un programme expérimentale type Paerpa ou non, etc. Il existera cependant quelques invariants, comme les protocoles de transmission de l’information entre professionnels. Pour Alcimed, la réussite de ces nouvelles organisations territoriales reposera dans la capacité des acteurs du système de santé à : – S’appuyer sur le professionnalisme et l’agilité de la médecine de ville et de ses compétences dans le développement des parcours de soins « à façon » au bénéfice des patients. – Créer des dispositifs qui permettent de travailler plus efficacement avec des organisations plus normées entre le soin, le médico-social et le social, proposant des équipements et rayonnant sur de plus larges superficies territoriales. Les Agences Régionales de Santé sont mandatées pour piloter les stratégies régionales de transformation des soins primaires.

 

La mise en oeuvre reviendra aux soignants eux-mêmes, avec le soutien des ARS, de l’Assurance Maladie, des Unions Régionales des Professionnels de Santé (URPS) et des fédérations hospitalières et médicosociales. Alcimed travaille depuis plusieurs années à mettre à leurs dispositions ses compétences pour aider à définir des schémas de coopération fluides, souples et structurés. « Nous veillons dans notre accompagnement à nous positionner en médiateur entre acteurs de différentes cultures professionnelles et entre tutelles et opérationnels, pour faire avancer de véritables projets communs, porteurs de sens pour les professionnels et la société dans son ensemble. » conclut Marie Sophie Ferreira.