Introduction. – L’objectif de cette revue est d’évaluer les intérêts des traitements conservateurs chez les enfants atteints d’énurésie nocturne.

Méthodes. – Une recherche a été effectuée sur 4 bases de données. Des études évaluant l’intérêt des traitements conservateurs comparé aux traitements pharmaceutiques pour la prise en charge de l’énurésie nocturne monosymptomatique primaire chez les enfants de 5 à 15 ans ont été sélectionnées. Les critères d’éligibilité ont permis de sélectionner des études randomisées contrôlées publiées entre 1995 et 2018. La sélection et l’analyse des articles ont été réalisées indépendamment par 2 auteurs.

Résultats. – Quatre études randomisées contrôlées ont été sélectionnées. Des variations entre les procédures d’intervention rendent la comparaison difficile. Trois études ont montré une absence de différence sur le nombre de nuits mouillées et 2 sur le taux de rechute. Une étude est en faveur de la desmopressine à court terme et des traitements conservateurs à long terme.

Conclusion. – Les traitements conservateurs semblent aussi efficaces que les traitements
pharmaceutiques sur le nombre de nuit mouillée ainsi que sur le taux de rechute sur le long terme.

 

Introduction

 

L’énurésie nocturne (EN) primaire est plus communément appelée « le pipi au lit ». Elle se caractérise par une vidange involontaire de la vessie au moins 2 nuits par semaine pendant au moins 3 mois consécutifs et au-delà de l’âge de 5 ans [1]. Bien que la prévalence de l’EN est élevée chez les enfants cette dysfonction reste un sujet tabou. Elle est de 20 % chez les enfants de 5 ans [2], de 10 % à 7 ans et de 2 % chez les enfants âgés de plus de 12 ans [3]. Il est intéressant de noter qu’à l’âge adulte, environ 2 % de la population reste touchée par cette dysfonction [4]. L’EN peut être divisée en deux sous-groupes : l’énurésie monosymptomatique est caractérisée par une vidange involontaire uniquement la nuit et une miction normale la journée. Au contraire, l’énurésie polysymptomatique regroupe des dysfonctions nocturnes mais également diurnes comme une augmentation de la fréquence et de l’urgence des mictions [5]. Actuellement, deux types d’énurésie monosymptomatique sont définis. La première, l’énurésie monosymptomatique primaire représente les enfants n’ayant jamais été propres durant 6 mois consécutifs. La deuxième, l’énurésie monosymptomatique secondaire est représentée par les enfants qui ont déjà été propres durant une période minimale de 6 mois consécutifs mais qui ont ensuite recommencé à mouiller leur lit [1,6]. Plusieurs étiologies sont mises en avant [1,7]. Le défaut de production nocturne de la vasopressine (hormone antidiurétique naturelle) pourrait expliquer les symptômes de l’EN. En lien avec le rythme circadien, cette hormone est normalement libérée en plus grande quantité la nuit permettant de réduire de moitié la production d’urine. Toutefois, cette régulation selon le rythme circadien se fait avec le temps et la croissance. Les enfants chez qui cette maturité se fait plus tardivement souffrent ainsi d’une polyurie nocturne [2].

Une autre explication serait un retard de maturation du système nerveux central causerait des mictions nocturnes involontaires. Les enfants énurétiques pourraient présenter des
altérations fonctionnelles de certaines régions cérébrales impliquées dans le contrôle de la miction [3]. Enfin, les facteurs génétiques [5,6], psychologiques [8], l’hyperactivité nocturne du muscle détrusor [9,10] et la qualité du sommeil [2] sont des étiologies que la littérature met également en avant. Les causes de ce trouble étant
multifactorielles, les méthodes de diagnostic et les possibilités de traitements sont relativement variées [2]. Les traitements actuels peuvent être séparés en 2 parties : les
traitements conservateurs et les traitements pharmaceutiques. Les premiers sont basés sur l’éducation thérapeutique qui comporte 3 techniques principales. La thérapie comportementale permet notamment la transmission de conseils alimentaires [11]. La thérapie de l’alarme consiste à placer un capteur sensible à l’humidité dans le sous-vêtement. Ce capteur activé déclenche une alarme qui réveille l’enfant. Le but de cette thérapie est de permettre à l’enfant de se réveiller seul avant le déclenchement de l’alarme [12,13]. Et enfi n, les traitements psychologiques qui permettent d’offrir un soutien à l’enfant dont le trouble peut impacter le psychisme [4]. Les traitements pharmaceutiques utilisent une approche médicamenteuse comme la desmopressine, l’imipramine et les anticholinergiques [4]. La desmopressine est une hormone de synthèse analogue à la vasopressine. Elle permet de diminuer la production d’urine la nuit en augmentant le volume d’eau réabsorbé par les reins [4,14]. Cependant, les effets secondaires sont notables et certains enfants sont contraints de prendre d’autres médicaments afin de diminuer ses effets indésirables [15]. L’imipramine est un antidépresseur tricyclique qui possède le même principe d’action que la desmopressine [2]. Il a été démontré que l’imipramine comportait des effets secondaires plus importants que la desmopressine [4]. Par conséquent, elle ne peut pas être utilisée comme thérapie de première intention [14]. Quant aux anticholinergiques, ils sont essentiellement utilisés dans le cadre d’EN non-monosymptomatique [4]. D’autres thérapies classées comme « alternatives » ont également fait leurs preuves comme l’acupuncture et l’hypnothérapie [4].

Bien que les traitements conservateurs soient recommandés en première intention par le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) et l’International Consultation on Incontinence (ICI) [16], les traitements pharmaceutiques sont privilégiés dans la pratique car ils offrent des résultats rapidement [17]. Au contraire, les traitements conservateurs peuvent être longs à mettre en place et les résultats ne sont pas toujours perçus rapidement [15,4].

 

Retrouvez l’intégralité de cette revue ici : Intérêt des traitements conservateurs dans le cas d’énurésie