La prise en charge du grand âge et de la dépendance constitue une angoisse majeure partout en Europe et est perçue comme étant très mal prise en compte par les Etats. Le détail avec Gaël Sliman, président d’Odoxa. La prise en charge du grand âge et de la dépendance : un sujet majeur en France et en Europe.

 

 

Une priorité pour toutes les sociétés, en France comme partout en Europe

 

 

59% des Français se sentent concernés à titre personnel par la prise en charge du grand âge et de la dépendance. Cette problématique est loin d’être exclusivement hexagonale ; nos voisins européens sont encore plus nombreux que les Français à se sentir concernés par le sujet : 75% des Européens et 84% des Italiens sont préoccupés par le sujet. Les professionnels de santé (PS) commencent d’ailleurs à mieux prendre la mesure de l’importance du sujet dans l’opinion. Certes ils ont encore tendance, surtout les médecins (10 pts de sous-estimation), à sous-estimer la part de Français personnellement concernés par la prise en charge du grand âge et de la dépendance. Mais ils sont
bien plus lucides qu’il y a deux ans sur la question (+11 pts pour les médecins).

 

 

C’est que l’accompagnement du grand âge est une préoccupation plus qu’importante pour 9 Français sur 10… elle est- même prioritaire pour 1 Français sur 2. Cette fois, les professionnels de santé – dont les médecins – sont totalement en phase avec leurs patients. Pour eux aussi cette question est importante et même prioritaire.

 

 

Un sujet majeur de préoccupation pour les individus, mal pris en compte par les Etats

 

Le problème est que cette « priorité » n’est pas bien traitée : 68% des Français et 60% des aidants sont insatisfaits de la prise en charge de cette question en France. Une fois encore, la situation de la France n’est pas exceptionnelle : partout en Europe l’insatisfaction est généralisée concernant la prise en charge de cette question (67% en moyenne européenne et même 76% en Espagne). Or cette défaillance perçue quant à la prise en charge est une angoisse personnelle pour les Français (68%), et plus encore pour les aidants (82%), qui se disent inquiets quant à leurs capacités actuelles ou futures à accéder à l’ensemble des services/aides dont ils pourraient avoir besoin à l’avenir.

 

 

D’ailleurs, plus globalement, les Français (54%), et plus encore les aidants (64%), sont inquiets quant à la façon dont ils géreront leur propre vieillissement. Cette inquiétude quant à la façon de gérer son propre vieillissement est d’ailleurs partagée par une large majorité de personnes dans pratiquement tous les pays européens (hormis les Britanniques) : 57% des Européens se disent inquiets. Cette inquiétude des Français pour gérer leur propre vieillissement est, désormais, parfaitement bien ressentie/comprise par les professionnels de santé : les médecins notamment ne sous-estiment plus (comme il y a deux ans) la part de Français se sentant concernés par cette crainte.

 

 

Explication ? Les problèmes de santé sont la première des craintes liées au vieillissement, les Français se sentent mal informés sur le sujet et les EHPAD pâtissent d’une mauvaise image

 

 

Les problèmes de santé constituent la principale inquiétude des Français concernant leur propre vieillesse, loin devant les problèmes de revenus ou de sécurité, pourtant souvent bien plus médiatisés. Partout en Europe on retrouve cette même hiérarchie des inquiétudes concernant sa propre vieillesse : la santé écrase toutes les autres inquiétudes. Contrairement aux EHPAD toujours majoritairement mal perçus (68% de mauvaise image), les personnels de santé/ soignants s’occupant de personnes âgées
jouissent d’une très bonne image que ce soit en établissements (60%) ou, plus encore, lorsqu’ils interviennent à domicile (79%). Cette forte dichotomie entre perception du personnel et perception de l’établissement est très française : dans la plupart des autres pays européens, l’image des établissements est un peu moins mauvaise que chez nous (+6 pts) et, inversement celle des personnels y travaillant est nettement moins bonne (-11 pts). Si l’inquiétude sur les conséquences est si forte c’est sans doute que le niveau
d’information ressenti sur les risques liés