Terrien ou aérien, votre manière de bouger sans vous blesser diffère. On vous propose de le découvrir dans cet article.

Vous pensez peut-être qu’il existe une bonne manière de courir? On entend dire qu’il faudrait privilégier l’avant pied et une fréquence de pas élevée pour prévenir les blessures. Il n’en est rien. Il existe autant de publications scientifiques qui préconisent une pose en talon pour l’économie de course et la réduction de la force d’appui (Lussiana 2016). Autrement dit il existe plusieurs bonnes manières de courir. Plus exactement, certaines foulées correspondent à votre nature, alors que d’autres ne sont pas faites pour vous. Expliquons-nous.

En 1989, dans un livre intitulé « Deux marches pour la machine humaine », deux kinésithérapeutes présentent deux types de marche : la marche « qui vient d’en haut » et celle « qui vient d’en bas ». Cette classification s’appuie sur une donnée biomécanique commune : la prédominance de la personne à placer préférentiellement le centre de gravité du segment corporel en avant ou en arrière de l’axe « tronc-tête-bras ».

Dans la « marche par le bas », le mouvement commence à partir du sol. La personne opère une poussée qui fait avancer le bassin. La jambe se déploie vers l’avant et vers un nouveau point d’ancrage qui permet de respecter le mouvement. Les muscles réalisent une contraction concentrique. Resté en arrière, le haut du corps suit le mouvement enclenché par le bas.

A l’inverse, dans la « marche par le haut », un déséquilibre est créé à partir du haut du corps. Les épaules partent en chute avant tandis que le membre inférieur rattrape le poids qui lui arrive de haut en bas. Le corps fait face à une compression générale (modèle du ressort) c’est-à-dire à un étirement de ses élastiques. Celui qui marche et court par le haut utilise avant tout l’élasticité musculaire. Il reste plus longtemps en l’air. C’est pourquoi nous le nommons AERIEN. A l’inverse, celui qui pousse plus qu’il ne rebondit, reste plus longuement au sol. Nous le nommons TERRIEN.

Deux foulées efficaces

Nous avons montré qu’aux vitesses habituelles de course du peloton (10-12 km/h), les deux foulées sont d’une efficacité égale (Lussiana and all 2017). Les Aériens dépensent l’énergie contre la pesanteur, puis la récupèrent en partie dans leurs tendons. Les Terriens dépensent moins d’énergie vers le haut et par conséquent, la récupèrent moins dans leur corps. Ils favorisent l’avancée du bassin sur l’appui plutôt que l’élévation du centre de gravité. Or, ce qui vaut pour la foulée vaut pour l’ensemble des autres gestes et postures de la personne. Par exemple, la manière dont nous attrapons un objet est directement corrélé aux paramètres mécaniques de notre foulée. Étonnant non ?

Haut perchés sur nos deux jambes, nous devons maintenir notre équilibre. Comment faisons-nous pour répondre à ce besoin ? Celui qui place son poids vers l’arrière doit disposer de muscles efficients sur l’avant de son corps afin d’éviter de tomber à la renverse. À l’opposé, celui qui place son poids vers l’avant doit disposer de muscles efficients à l’arrière de son corps. La foulée est en lien direct avec l’activation de ces muscles plus antérieurs (terriens) ou postérieurs (aériens).

Bien sûr, nous pouvons courir de différentes manières, mais selon notre activation musculaire naturelle, nous sommes plus efficaces dans un type de foulée plutôt qu’un autre. Autrement dit, il n’existe pas une bonne manière de courir. Il existe une foulée qui convient mieux à qui nous sommes. Lorsque nous courons, c’est tout notre être qui s’exprime. Même le plaisir ressenti diffère selon nos mouvements naturels (Lussiana, Gindre, 2016). Notre morphologie, le choix de nos entraînements (rapport durée/vitesse) et de nos chaussures, ainsi que la genèse de nos blessures pourraient également être influencés par notre manière naturelle de bouger.

Nous courrons comme nous sommes

Nous sommes nés pour bouger. Notre système nerveux est façonné en professionnel de l’optimisation de nos mouvements. La foulée n’est qu’un exemple de patterns moteurs qui nous caractérisent depuis notre naissance. Efficaces, nous bougeons comme nous sommes. Nous sommes le produit d’une intelligence intrinsèque du corps et il importe de la respecter. La vérité du geste n’existe pas. Vous êtes la nouvelle vérité.

Volodalen propose des formations sur « LES PREFERENCES® NATURELLES » qui permettent aux professionnels de la santé de relier les pathologies et les mouvements naturels des patients. Le professionnel peut ainsi réaliser des prises en charge basés sur les mouvements fonctionnels individualisés, permettant de rétablir une motricité cohérente.

 

 

Références

Lussiana T. Etes-vous un coureur terrien ou aérien ? Thèse en Sciences du sport. Université de Bourgogne, Franche-Comté. 2016.

Sohier R, Haye M. Deux marches pour la machine humaine. Kiné Sciences. 1989.

Lussiana T, Gindre C, Hébert-Losier K, Sagawa Y, Gimenez P, Mourot L. Similar Running Economy With Different Running Patterns Along the Aerial-Terrestrial Continuum. Int J Sports Physiol Perform. 2017 Apr;12(4):481-489.

Lussiana T, Gindre C. Feel your stride and find your preferred running speed. Biol Open. 2015 Dec 23;5(1):45-8.