Article extrait du FMT Mag n°139 – juin / juillet / août 2021 Par P. Pommerol

 

RÉSUMÉ

Introduction. – Les torticolis musculaires congénitaux sont des facteurs de risques de déformations crâniennes positionnelles. L’étirement du muscle sterno-cléido-mastoïdien est à la base du traitement par kinésithérapie. L’objectif de cette étude est de déterminer à partir d’une revue de littérature la technique (position, intervenants), le rythme, la durée optimale et l’efficacité du traitement par étirement musculaire. Matériel et Méthodes. – Une revue systématique de la littérature des études cliniques portant sur les nourrissons de moins de 18 mois de 1990 à 2018 a été réalisée à travers l’exploration de 7 bases de données. Les études comparatives ou de suivi de cohorte avec description de la technique ont été sélectionnées. Les articles se référant au traitement du torticolis postural ont été exclus.

Résultats. – Dix études remplissaient les critères d’inclusions sur cinq cent huit sélectionnées. Une grande variation du rythme, de la durée, de l’intensité des étirements musculaires a été constatée dans ces études. Dans 50 % des cas l’étirement est réalisé par deux opérateurs. Le rythme recommandé est de 3 fois par semaine chez le nourrisson de moins de 6 semaines. Une rééducation au domicile par les parents, entre les séances de kinésithérapie, est également recommandée.

Pour une efficacité optimale, le traitement doit être débuté avant l’âge de 3 mois. L’efficacité était au mieux évaluée par la récupération des amplitudes articulaires passives en inclinaison et en rotation. Conclusion. – L’étirement musculaire est une technique fiable de prise en charge des torticolis musculaires congénitaux non posturaux. Débuté précocement (avant l’âge de 3 mois), il permet une guérison complète. Un rythme de 3 fois par semaine, associé à une rééducation quotidienne par les parents entre les séances de kinésithérapie semble être efficace. Quatre paramètres sont déterminants : le type de torticolis, l’âge de l’enfant lors du début de traitement, la présence d’une fibrose du muscle (défi cit de mobilité passive) et l’adhésion des parents au traitement.
Niveau de preuve : 3.

 

INTRODUCTION

Le torticolis musculaire congénital se caractérise par une inclinaison latérale du cou associé à une rotation controlatérale de la tête d’origine musculaire. Il apparaît dans les premières semaines de vie du nourrisson. C’est un facteur de risque de déformation crânienne posturale [1,2]. Il existe d’autres comorbidités, comme par exemple les asymétries faciales et mandibulaires, la dysplasie de hanche, le retard de développement des troubles ophtalmologiques, des déformations de pied, etc. Son incidence est approximativement de 0,3 à 1,9 % des nouveau-nés avec une incidence de 3,9 % si le diagnostic est fait par échographie précoce [3].

Trois formes cliniques sont décrites:

  1. une qui correspond à un torticolis postural (TP)
  2. et deux qui correspondent à un torticolis myogénique (TM) avec atteinte du muscle sterno-cléido-mastoïdien (SCM), soit par fibrose intramusculaire, soit par une tumeur dysplasique du muscle [3–6]. Le torticolis musculaire avec fibrose (TMF) et le torticolis musculaire engendré par une tumeur du SCM (TMTS), sont caractérisés par une limitation permanente des amplitudes passives de rotation de la tête ce qui les différencie des TP.

L’étirement manuel semble être la technique de référence dans les TM avec fi brose ou tumeur. Il est l’élément clé de la prise en charge rééducative de l’enfant avec les stimulations sensorimotrices, la thérapie manuelle non manipulative (massage, mobilisation), ainsi que l’éducation thérapeutique auprès des parents et de l’entourage. La littérature a montré que la réalisation d’étirements musculaires permettait de lutter contre la fibrose endomysiale avec dépôt de collagène et la migration des fibroblastes autour des fibres musculaires individuelles [4,6,7,8].

L’intensité du traitement à mettre en oeuvre est déterminée par l’âge du nourrisson, le type de lésion du muscle (fi brose ou tumeur) et le déficit de rotation passive initiale [4]. Le type de TM est un facteur prédictif du résultat fi nal du traitement [4,9,10]. Les TMTS sont classiquement détectés plus tôt que les TMF du fait de la présence d’une tuméfaction (olive) palpée par les parents. Les TMF sont détectés beaucoup plus tardivement lorsque l’attitude en flexion latérale (inclinaison) et rotation devient évidente [11].

 

L’objectif principal de ce travail était de déterminer, au moyen d’une revue de littérature la meilleure posologie (techniques, fréquence, nombre de séances totales) de ces étirements.

 

Les objectifs secondaires sont d’évaluer l’efficacité du traitement et de déterminer à quel moment le débuter, sur quelle durée le poursuivre et enfin les modalités de suivi et d’arrêt.